Le zen et les sciences
- Jin Shin
- 20 sept. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 déc. 2024

A première vue, le zen et les sciences modernes comme la physique et la biologie constituent des domaines séparés. La distinction entre la matière et l’esprit, le spirituel et scientifique, semble aller de soi. Mais des notions comme l’interdépendance, l'impermanence et l'émergence permettent de réduire le fossé entre les deux domaines et il devient intéressant de considérer le zen et les sciences modernes de manière croisée.
Les deux piliers de la physique moderne sont la théorie de la relativité et la mécanique quantique.
Dans la théorie de la relativité, la notion d’un temps absolu n’existe plus. Le temps est lié de manière inséparable à l’espace pour former un espace à 4 dimensions, l’espace-temps. L’espace-temps est propre à un observateur, il n’en existe pas de référentiel absolu. L’origine de l’espace-temps est un mystère, bien que plusieurs théories existent. Pour le zen, l’espace et le temps n’ont pas d’existence intrinsèque, ils sont créés de manière dépendante. Le zen n’explique pas de quelle manière, mais sa position est compatible avec toute théorie physique future, à condition que celle-ci soit basée sur une interdépendance avec d’autres phénomènes. Dogen écrivait que chaque phénomène possède sa "position de dharma", avec son avant et son après. Un évènement est inséparable d'un espace-temps qui naît de façon discrète.
Le fondement de la mécanique quantique est la fonction d’onde qui décrit l’état d’un système quantique. Elle fournit des prédictions incroyablement précises sur le comportement du système, mais elle ne définit pas quelle est la réalité intrinsèque du système, ce qu’est un "état du système". Le système observé est vu comme une boîte noire. La mécanique quantique soulève plusieurs questions d'interprétation. depuis un siècle. qu'elle a été inventée. La dualité onde-corpuscule, le problème de la mesure, l'intrication quantique interrogent sur la nature de la matière et de l'espace-temps. La doctrine de la vacuité nie l'existence d'une réalité physique ultime. La réalité physique est une production interdépendante, qu'il s'agisse de la matière ou de l'espace-temps.
Plusieurs théories physiques décrivent un univers ayant plus que les 4 dimensions d’espace-temps qui nous sont accessibles. Le zen considère que cet univers à plus de 4 dimensions relève du domaine de la forme et des phénomènes. Le zen dirait que l’univers entier est contenu dans une coquille de noix. Quelque soit la structure de l’univers, du moment qu’il fonctionne en interdépendance, le zen en accepte la théorie.
Le théorème de Gödel prouve que tout système axiomatique présente des contradictions. Nagarjuna, un grand sage indien qui vécut au 3ème siècle, a formalisé un système logique basé sur la négation pour détruire tous les concepts dans notre esprit. Ne rien savoir et le vivre, c’est la sagesse ultime. Il y a des vérités qui seront toujours hors de la portée de moyens expérimentaux et logiques.
L'émergence pourrait constituer un principe fondamental de l’univers . Elle ne concerne pas seulement la physique ; particules de matière émergeant depuis des champs de pure énergie, mesures émergentes depuis des interactions entre un observateur et un objet, peut-être un espace-temps émergeant de l’inconnu. Elle concerne la vie, la façon dont, à partir d’un certain de degré de complexité, les molécules et les organismes s’assemblent et s’auto-organisent en donnant naissance à des formes de vie imprévisibles. Elle concerne la culture, l’économie, tous les domaines de la vie. La conscience elle-même peut être vue comme un phénomène émergent.
L’émergence n’est pas explicable par le réductionnisme. Il y a le côté imprévisible de l’émergence mais également la causalité descendante. Les phénomènes émergents comme les pensées ou les émotions ont un effet en retour sur l’homéostasie des cellules de notre corps ou déclenchent des actions sur notre environnement. L’émergence est un aspect de l’interdépendance.
Nous pourrions penser que les neurosciences entretiennent un dialogue fructueux avec les pratiques de méditation. Ce n’est pas le cas car les neurosciences sont limitées par l'imprécision des techniques actuelles d’investigation. Et surtout, ce que le philosophe David Chalmers a appelé « le difficile problème de la conscience » est loin d’avoir trouvé une réponse scientifique, car la recherche est partie sur de fausses prémisses concernant la nature de l’esprit et les différents types de conscience.
Comments